Comportement assez ordinaire, lorsqu’elle prend une certaine ampleur, la manipulation peut rapidement devenir insupportable, difficile à gérer et surtout, destructrice pour l’estime de soi. Voici le premier volet d’une série de 4 destinée à se protéger du plus dangereux des abrutis…

Rappelons pour commencer que nous sommes tous un peu manipuateurs: nous avons tous, de temps en temps, recours à des techniques manipulatoires pour obtenir ce que nous voulons. Que celui qui n’a jamais usé – voire abusé – de chantage affectif, de réponses volontairement vagues, de petits mensonges pour se faciliter la vie, de culpabilisation, d’interprétation, etc. lève le doigt et nous autres mortels imparfaits lui érigerons une statue.

Ce rappel est indispensable, il nous évitera de nous poser en victime qui voit des vilains manipulateurs pervers ou narcissiques partout, meutriers de notre épanouissement et de notre bonheur. Il y a là une auto-manipulation en forme de bonne excuse qui nous plonge sans oxygène dans le triangle de Karpman et nous dédouane de notre passivité face à ce qui nous déplaît dans nos propres vies. La plupart du temps, il s’agit de persécution (qui est remédiable avec un peu de travail d’estime de soi et d’affirmation de soi).

Les manipulateurs narcissiques/pervers ne représentent que 2 à 3% de la population. Les manipulateurs narcissiques (80% de ces 3%) ne s’en rendent pas compte et ont le sentiment d’agir “pour votre bien”, et les manipulateurs pervers (les 20% restant) prennent du plaisir à vous faire souffrir.

Cependant, il y a aussi des degrés de manipulation moindres qui sont aussi toxiques et générateurs de dévalorisation et de mise sous emprise, qu’il est tout aussi important d’éviter pour ne pas y laisser son estime de soi et sa joie de vivre.

La marche à suivre dépendra de l’ampleur des manipulations de votre abruti personnel. Je vous propose donc une exploration de vos abrutis manipulateurs personnels en 4 étapes, chacune faisant autant partie de notre  Guide de survie aux abrutis  que des Compétences relationnelles.

Le manipulateur choisit ses proies

Le manipulateur n’est pas nécessairement manipulateur avec tout le monde, ce qui rend parfois sont identification compliquée. En effet, il choisit soigneusement ses proies. C’est bien pour cela qu’il pourra être perçu par d’autres comme un patron, un collègue, un parent, un proche, plein de qualités exemplaires alors que dans le même temps, il broie l’estime de soi de quelques personnes triées sur le volet.

Comment le manipulateur décide-t-il de s’en prendre à telle personne plutôt qu’à une autre? Des études ont montré comment les psychopathes choisissent leurs victimes, il en va de même pour la prédation psychologique. Le manipulateur est capable de reconnaître les signes verbaux et non verbaux montrant le degré de confiance en elle d’une personne. Et il se fait le prédateur des personnes plus fragiles ou vulnérables. Ces caractéristiques peuvent être temporaires d’ailleurs, comme lorsque l’on traverse une période difficile, donc, potentiellement, nous pouvons tous êtres confrontés à la manipulation excessive.

Ce constat est dérangeant, car il signifie que lorsque nous nous retrouvons face à un manipulateur, notre propre fragilité est en partie responsable de la situation. En revanche, c’est aussi une bonne nouvelle, puisque cela signifie aussi qu’en développant ou en rétablissant la confiance en soi, l’estime et l’affirmation de soi, nous pouvons aussi limiter considérablement les risques d’être confrontés à leurs jeux de pouvoir.

Des conséquences
dramatiques

Véritable violence psychologique, la manipulation récurrente, même modérée et toutes les manipulations pathologiques, mènent plus ou moins vite et à des degrés divers à la dévalorisation, à la perte de confiance en soi, d’estime de soi, mais aussi à la soumission aux exigences et comportements du manipulateur.

Émotionnellement très destructrice, la manipulation peut nous faire perdre une part de notre autonomie, nous rendre affectivement dépendant, diminuer la capacité à prendre des décisions (par exemple sans l’approbation du manipulateur), générer des problèmes d’identité.

Mini coaching: Identification et degré de manipulation

 

Voici 30 comportements manipulatoires identifiés par Isabelle Nazare-Aga dans son livre Les manipulateurs sont parmis nous. 10 critères font une personne au comportement manipulateur, 15 un manipulateur avéré. Attention cependant, car tout dépend aussi de la fréquence et de l’ampleur de ces attitudes. D’autre part, il est parfois difficile de porter un jugement objectif sur ce que nous subissons, aussi cette technique d’identification est donnée à titre indicatif. Si elle vous permet d’avoir des doutes substantiels sur le comportement éventuellement manipulateur d’un abruti de votre entourage, il est alors fortement recommandé d’aller consulter un psy afin qu’il vous aide à poser un diagnostic sûr et déterminer la marche à suivre.

 

  1. Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle.
  2. Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes (entre autres par le mensonge).
  3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions (et se pose en victime lorsque ceux-ci ne sont pas entendus/compris).
  4. Il répond très souvent de façon floue (“on verra”).
  5. Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations (voir aussi 18).
  6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
  7. Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions.
  8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge (y compris au travers de faux compliments).
  9. Il fait faire ses messages par autrui (face aux personalités dominantes, il instrumentalise un tiers pour obtenir ce qu’il veut).
  10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner (par exemple au moyen de remarques qui sèment insidieusement le doute, ou distillées en fausses confidences).
  11. Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne (il peut faire passer son entourage pour des persécuteurs dont il est la malheureuse victime).
  12. Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper.
  13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins (“Toi qui as un grand sens de la famille, tu vas bien faire ça pour moi”).
  14. Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert.
  15. Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.
  16. Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion.
  17. Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité.
  18. Il ment (l’essentiel pour lui, c’est de maintenir le masque social et d’obtenir ce qu’il veut et le mensonge est un excellent moyen).
  19. Il prêche le faux pour savoir le vrai.
  20. Il est égocentrique.
  21. Il peut être jaloux (et couper l’autre/les autres de son/leur entourage social, pour mieux dominer et contrôler. Il n’aime pas, il possède).
  22. Il ne supporte pas la critique et nie les évidences (tout en critiquant fréquemment les autres).
  23. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres (seuls les siens comptent, y compris avec ses proches. En revanche, il exige l’inverse: voir 3 et 7).
  24. Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui.
  25. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé (exemplaire du “fais ce que je dis, pas ce que je fais”).
  26. Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous (Il rend ainsi redevable et cherche à générer la dépendance. Sa gentillesse apparente n’est pas gratuite, elle exige son retour dur investissement).
  27. Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté.
  28. Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui.
  29. Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré.
  30. Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas là.
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